Il y a quelques mois, un de mes patients a été confronté à un problème très déstabilisant dans une petite société (80 personnes) :
Son patron, avant de partir en vacances en août (alors que mon patient était parti en juillet), lui a suggéré de réfléchir à la stratégie de lancement d'un futur produit de la société.
Mon patient qui n'est pas un responsable marketing, s'est pris au jeu avec 2 de ses collègues, et ils ont monté un projet en prenant beaucoup de plaisir à travailler ensemble.
A la rentrée, ils ont proposé une présentation lors de la journée de reprise, coïncidant avec le retour du boss. Cette présentation a été très appréciée par la salle, posant de nombreuses questions et émettant des commentaires très valorisants. Le patron est resté silencieux.
Une fois la réunion terminée, il a convoqué mon patient dans son bureau. Celui-ci pensait être félicité, mais il pris un gros "savon" sur l'air de "votre projet est nul, je ne vous ai rien demandé de tel, vous avez fait travailler des gens pour rien ou plutôt pour vous, je suis furieux".
Pourtant, mon patient et ses collègues ont pu constater que beaucoup de leurs propositions se retrouvaient dans le projet final mis en oeuvre par l'entreprise. Mon patient a été profondément déstabilisé par cette affaire.
Ma consultation a donc consisté à lui apporter les codes de lecture de cette histoire.
Ce qu'il s'est passé en pratique, c'est que lui et sa petite équipe ont démontré qu'un projet de qualité engageant l'entreprise avait pu naître en l'absence du patron, c'est à dire qu'ils ont démontré que le patron n'était pas un homme-clé dans l'entreprise. Ce faisant, ils ont gravement menacé sa position dominante. Celui-ci a donc vécu leur présentation comme une agression de vassaux ne tenant pas leur rang.
S'ils avaient un peu mieux écouté les hommes politiques en général, ils auraient constaté qu'aucun d'entre eux, en dehors du Président, ne parle jamais de ses projets ou réussites sans faire référence à la magnifique inspiration apportée par son supérieur. Par exemple, un Ministre ne parlera jamais de son action sans citer le premier Ministre ou le Président. De même, le Président qui écoute parler un Ministre ne s'intéresse qu'à une chose : celui-ci lui fait-il allégeance en le citant au détour de chaque phrase ?
Si mon patient avait eu la prudence d'attendre le retour du patron, de lui demander humblement conseil sur son projet, de suggérer que l'essentiel avait été inspiré par sa vision de dirigeant irremblaçable, et de citer son nom sur chaque diapositive, il aurait été félicité et peut-être même promu.
Je lui ai suggéré de rechercher une formation au cynisme politique
Son patron, avant de partir en vacances en août (alors que mon patient était parti en juillet), lui a suggéré de réfléchir à la stratégie de lancement d'un futur produit de la société.
Mon patient qui n'est pas un responsable marketing, s'est pris au jeu avec 2 de ses collègues, et ils ont monté un projet en prenant beaucoup de plaisir à travailler ensemble.
A la rentrée, ils ont proposé une présentation lors de la journée de reprise, coïncidant avec le retour du boss. Cette présentation a été très appréciée par la salle, posant de nombreuses questions et émettant des commentaires très valorisants. Le patron est resté silencieux.
Une fois la réunion terminée, il a convoqué mon patient dans son bureau. Celui-ci pensait être félicité, mais il pris un gros "savon" sur l'air de "votre projet est nul, je ne vous ai rien demandé de tel, vous avez fait travailler des gens pour rien ou plutôt pour vous, je suis furieux".
Pourtant, mon patient et ses collègues ont pu constater que beaucoup de leurs propositions se retrouvaient dans le projet final mis en oeuvre par l'entreprise. Mon patient a été profondément déstabilisé par cette affaire.
Ma consultation a donc consisté à lui apporter les codes de lecture de cette histoire.
Ce qu'il s'est passé en pratique, c'est que lui et sa petite équipe ont démontré qu'un projet de qualité engageant l'entreprise avait pu naître en l'absence du patron, c'est à dire qu'ils ont démontré que le patron n'était pas un homme-clé dans l'entreprise. Ce faisant, ils ont gravement menacé sa position dominante. Celui-ci a donc vécu leur présentation comme une agression de vassaux ne tenant pas leur rang.
S'ils avaient un peu mieux écouté les hommes politiques en général, ils auraient constaté qu'aucun d'entre eux, en dehors du Président, ne parle jamais de ses projets ou réussites sans faire référence à la magnifique inspiration apportée par son supérieur. Par exemple, un Ministre ne parlera jamais de son action sans citer le premier Ministre ou le Président. De même, le Président qui écoute parler un Ministre ne s'intéresse qu'à une chose : celui-ci lui fait-il allégeance en le citant au détour de chaque phrase ?
Si mon patient avait eu la prudence d'attendre le retour du patron, de lui demander humblement conseil sur son projet, de suggérer que l'essentiel avait été inspiré par sa vision de dirigeant irremblaçable, et de citer son nom sur chaque diapositive, il aurait été félicité et peut-être même promu.
Je lui ai suggéré de rechercher une formation au cynisme politique

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